Article publié pour la première fois le 21 septembre 2021
L’oeuvre de Patrick Vilaire est conceptuelle et cérébrale. L’ingénieur de formation façonne l’argile et le métal comme il sculpte les idées.
Se revendiquant artiste ancré dans le monde, il propose une lecture du contemporain au crible des savoirs ancestraux et des avancées de la science occidentale.
Ainsi, il prévisualise le tremblement de terre de 2010 dès 2008 avec Poto Mitan (l’Echelle de Richter) et notre fuite en avant destructrice dans sa série sur l’obsession (ex : de la mort, de la guerre, du pouvoir).
Pour lui, l’art ne saurait être dissociable de la science ; le processus de création est un protocole de recherche, une nouvelle proposition esthétique une découverte médicale.
Fervant athée, il ne puise dans les religions que pour les mettre en communication les unes avec les autres pour mieux révéler leurs portées universelles et anthropologiques. Son art rend hommage tout particulièrement à la culture vaudou, à l’instar de l’épée de l’académicien Dany Laferrière. Il s’agit d’un moyen de réhabiliter cet héritage métaphysique et empirique, accolure d’une société stratifiée dispersée.
Patrick Vilaire tient à rendre ses œuvres, synthèses de connaissances, accessibles à tous, ainsi plusieurs sont inscrites dans l’espace public en Haïti comme au Japon. Il explique la fresque de Jalousie (un bidonville dans les hauteurs de Port-au-Prince), les vitraux de Furcy et l’Homme chaise des rues de Kyoto ainsi : Je ne suis pas un artiste solitaire. La force de mon travail est dans son aspect participatif. Je suis un créateur parce que j’entre dans la vie des autres, parce que je comprends leurs mécanismes de vie, parce que je participe à leurs douleurs. Pour moi, le rapport à l’autre, dans ma création, est fondamental.
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